« L'Oud Conynsbergh, le domaine viticole anversois qui repousse les limites de l'impossible »
C'est ce que l'on aurait pu dire il y a 10 ans quand un groupe d'amis a décidé d'implanter un vignoble à Boechout, dans la province d'Anvers. Une bande de doux rêveurs... car qui aurait pu croire que, 10 ans plus tard, l'Oud Conynsbergh serait devenu l'un des pionniers de la viticulture belge ? Kris Van de Sompel, le directeur général du domaine viticole, nous raconte son histoire.
Kris : « La création du Domaine viticole Oud Conynsbergh est la concrétisation du rêve de huit amis de Boechout. Tout a commencé par un plan ambitieux. Ils se sont renseignés et ne se sont pas laissés décourager par les obstacles. Après avoir suivi une formation en viticulture, ces amis ont créé un tout nouveau domaine viticole. La première plantation a eu lieu en 2014. Les huit amis ont eux-mêmes pris soin du vignoble et ont mis du cœur à l'ouvrage afin d'insuffler une nouvelle vie au passé viticole de la région. En effet, on pouvait déjà y trouver des vignes au XVIe siècle. Plus d'un connaisseur et journaliste spécialisé s'accorde à dire que « l'Oud Conynsbergh est l'un des domaines viticoles les plus prometteurs du pays ». On y cultive exclusivement des cépages classiques avec un minimum de produits phytosanitaires, sur un sol exceptionnel du point de vue géologique. La vinification se fait de différentes manières, notamment grâce à des levures endogènes et à la fermentation dans des fûts en bois. Un œnologue français a déclaré que c'était le meilleur Auxerrois qu'il ait jamais dégusté. Preuve s'il en est que nous plaçons la barre très haut. Aujourd'hui, les vins du domaine sont très appréciés de différents restaurants gastronomiques, de sommeliers et de critiques.
Notre première plantation date de 2014. Nous avons réalisé notre première récolte 3 ans plus tard, en 2017. Une bonne année, mais c'est sans compter la qualité et le volume que nous avons pu proposer en 2018. Les récoltes de cette année ont été énormes, et nous avons pu en profiter pleinement en 2020. Nous avons effectivement vendu les vins de 2018 l'année passée et malgré la COVID, nous n'avons pas à rougir de notre chiffre d'affaires. Autre fait intéressant : alors que nous avions produit relativement peu de vins mousseux en 2017 et en 2018, nous avons aujourd'hui bien évolué dans ce domaine. »
Quel est le parcours personnel du fondateur ?
Lode Van den Brand est entrepreneur depuis 40 ans. L'intérêt pour l'innovation et la qualité ont façonné toute sa carrière. Il s'est intéressé au vin très jeune, tant et si bien qu'il a entamé une formation en 2011. C'est le départ de la nature, du vignoble à la cave, qui le motive particulièrement.
Le développement des autres aspects qui y sont liés, comme le choix du bois, doit être déterminé à l'échelle régionale afin d'obtenir un véritable vin anversois de qualité.
L'expérience vous a-t-elle permis de tirer des leçons et de modifier votre manière de produire ?
Kris : « Bien sûr. Nous avons notamment appris que nous devions être attentifs à l'évolution du vignoble. Nous avons décidé de nous tourner vers une levure naturelle. Un choix qui comporte peut-être son lot de risques, mais qui permet de hisser l'Oud Conynsbergh vers de nouveaux sommets. »
Pourriez-vous nous en dire plus sur vos principales variétés de raisins ? J'ai cru comprendre que vous proposiez du pinot noir, de l'auxerrois, mais aussi du gamay et du chardonnay.
Kris : « Effectivement. Notre vignoble se compose environ de 35 % d'auxerrois, de plus de 20 % de pinot noir, de 15 % de chardonnay, d'un peu de pinot blanc et de quelques autres variétés çà et là.
Quelle taille fait votre domaine viticole ? Sur combien d'hectares vos plantations s'étendent-elles ?
Kris : « Nous avons actuellement 9 hectares en production et 10 hectares de plantations. Nous prévoyons évidemment de nous étendre plus tard, mais nous voulons d'abord nous assurer d'avoir de bonnes bases.
Quelle est la philosophie de l'entreprise et de ses produits ?
Kris : Nous avons consciemment fait le choix d'une viticulture naturelle. Nous gérons le domaine sans herbicides ou insecticides, et avec un impact minime sur l'environnement. Le sol peut ainsi agir de manière optimale. Les vins flamands sont connus pour leur grande fraîcheur. C'est une caractéristique que l'on retrouve également dans les vins de l'Oud Conynsbergh ; ils ont une jolie acidité naturelle, une faible teneur en alcool et des arômes pleins de finesse.
Parlons un peu de votre positionnement sur le marché. Est-ce vrai que vous souhaitez vous présenter comme un vin biologique ou biodynamique ?
Kris : « Oui, mais nous ne voulons pas partir dans les extrêmes. Nos étiquettes indiquent les informations nécessaires, mais nous ne voulons pas à tout prix nous positionner comme un vin bio. Pour nous, l'important est de mettre un bon produit sur le marché. Nous souhaitons faire nos expériences, et c'est dans ce cadre que s'inscrivent les principes biodynamiques. »
Vos concurrents se trouvent principalement à l'étranger, dans des régions similaires où l'on cultive des cépages similaires. Mais chaque région a un terroir et une expression du raisin qui lui sont propres. Dans quelle mesure vous comparez-vous aux autres régions ?
Kris : « Vous avez raison, le terroir varie d'un climat à l'autre. On s'efforce toutefois toujours d’obtenir un vin dont le profil se rapproche de celui des autres vins. Nous nous comparons donc plus à un profil issu du nord de la Bourgogne ou de l'Allemagne qu'à un profil de Toscane. Il en va de même pour les vins mousseux ; nous n'allons pas nous comparer au cava ou au crémant, mais plutôt à des vins qui sont restés longtemps en cave et qui proposent un perlant raffiné.
Quel est le consommateur idéal de l'Oud Conynsbergh ?
Kris : « Nous nous adressons aux personnes qui cherchent un produit différent, tant pour sa qualité que pour son histoire. Ces personnes sont également disposées à dépenser un peu plus pour un produit unique, pour un chouette produit à la fois local et délicieux. »
Vous vous adressez également à l'Horeca, et pas à n'importe lequel. Vous collaborez notamment avec des chefs renommés tels que Roger van Damme. Pouvez-vous nous citer d'autres noms ?
Kris : « Outre les pointures telles que Roger van Damme, nous travaillons également avec les restaurants Het Zilte, Het Gerecht... mais aussi avec des nouveaux venus. Ce sont souvent les jeunes chefs qui aiment travailler avec des produits biologiques et qui sont prêts à payer un peu plus pour un produit local. Parmi ces nouveaux noms, on peut notamment citer Les Années Folles. C'est pour moi l'un des établissements Horeca les plus prometteurs. »
Quels compliments recevez-vous de la part des chefs et des sommeliers ?
Kris : « Ils semblent particulièrement apprécier nos associations. L'Oud Conynsbergh propose une intensité d'arôme que la plupart des vins belges n'a pas. Nous notons également que les chefs se tournent vers nous par fierté pour leur région. Autre qualité : nous sommes à l'écoute des souhaits du chef, nous lui proposons souvent une dégustation et sommes attentifs à son avis. Nous pouvons ainsi lui garantir un vin qui correspond à son profil et à sa manière de travailler.
Comment pensez-vous que la viticulture belge va évoluer ?
Kris : « Cela ne fait aucun doute, la viticulture belge a un bel avenir devant elle. Néanmoins, le savoir-faire n'est pas encore celui des pays producteurs de longue date. Nous partons du principe qu'impossible n'est pas belge, mais c'est une perception erronée. Nous avons encore du pain sur la planche en matière de viticulture et de commercialisation. »
Kris, nous ne pouvons pas ne pas évoquer l'arrivée du coronavirus. Que souhaitez-vous dire à ce sujet?
Kris : « Personne n'a échappé à l'impact du coronavirus, même pas nous. Nous remarquons toutefois un côté positif à la situation : les gens sont partis à la découverte de leur région. Je peux donc dire que la viticulture belge n'a jamais suscité autant d'intérêt et nous ne pouvons naturellement que nous en réjouir. »
Quelle importance accordez-vous à l'implantation locale ?
Kris : « Le domaine accorde beaucoup d'attention au terroir, au sol de Boechout, mais également aux levures naturelles locales et à l'utilisation du chêne belge. Nous ne pourrions pas obtenir le même produit si nous ne trouvions pas ici. »
Pour conclure, j’ai une dernière question. Comment résumeriez-vous les raisons de déguster le vin de l'Oud Conynsbergh en une seule phrase convaincante ?
Kris marque une pause. Il souhaite clairement trouver le mot juste. Il finit par dire :
« Les meilleurs produits sont toujours obtenus lorsque les limites de l'impossible sont repoussées. Et c'est exactement ce que l'Oud Conynsbergh accomplit. »
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